SENSATIONS DE JU NO MICHI

IPPON !






Le mot Ippon concrétise l'efficacité c'est-à-dire la projection qui met fin à l'affrontement. Celle-ci avait, à l'origine, pour but de mettre hors de combat l'adversaire en le jetant sur le sol le plus violemment et le plus fort possible. Cette notion est restée en partie,  mais Jigoro Kano, en codifiant les principes de défense issus de l'ancien ju-jutsu, a voulu, tout en conservant sa virilité au judo, préserver la santé et la sécurité des pratiquants. Il a donc fallu que la projection du partenaire soit réelle tout en étant contrôlée afin que celui-ci ne se blesse pas. C'est pourquoi, Jigoro Kano a prévu l'étude de l'ukemi, le "brise chute" qui est une défense non pas pour éviter de perdre mais, pour ne pas souffrir ou ne pas se blesser. En même temps, il a formulé des règles strictes qui définissent les modalités du Ippon et auxquelles doivent correspondre les critères d'arbitrage. Ainsi, le Ippon doit être obtenu par:

                          1.  Une projection de Judo :
                          2.  Sur le dos ou sur le coté du dos
                          3.  Avec une certaine vitesse
                          4.  D'une hauteur suffisante

Pour comprendre ces critères il est nécessaire de les commenter, de les préciser et de les expliquer sous peine d'en fausser le véritable sens. Pour cela, il faut d'abord tenir compte du fait que chacun des partenaires joue un rôle actif, qu'aucun ne subit l'action, mais que l'un des deux (Tori) est plus habile que l'autre (Uké) qui serait néanmoins capable de contrôler, ralentir ou modifier sa chute. Cette presque égalité introduit nécessairement une part d'impondérable dans le contrôle de Tori dont l'efficacité dans la projection peut s'en trouver modifiée, jusqu'à un faible pourcentage, on considérera qu'il n'y a pas eu ippon mais waza hari. Au delà de ce pourcentage on ne peut pas considérer qu'il y a vraiment eu projection. Aucune autre décision ne peut venir sanctionner l'issue d'un combat si on veut rester conforme à l'esprit du judo originel et ne pas porter atteinte à son intégrité.

On peut maintenant reprendre ces critères un à un :
1. Une  projection  de Judo (c'est-à-dire définie par les règles du Judo et non pas issue d'une autre forme de lutte). Cela signifie d'abord que l'on ne doit pas se contenter de faire tomber son partenaire (ce qui est à  la portée de tout le monde) mais qu'il faut, comme le terme l'indique bien, le jeter franchement et sans effort, ce qui suppose à la fois une réelle technique et un sens de l'opportunité. On projettera en contrôlant (direction), en maintenant les points de liaison (kumi kata) mais en prolongeant l'action comme si elle ne devait jamais avoir de fin. L'erreur consiste à penser que pour projeter il est nécessaire de soulever alors qu'il s'agit en fait de prendre et de jeter vers le bas. L'action doit avoir lieu, dans le sens de la pesanteur, car en soulevant le partenaire on n'est plus en mesure ensuite de donner l'impulsion requise puisque l'on a déjà épuisé son énergie.
2. Sur le dos ou le coté du dos. Cette règle oblige le judoka à maintenir son action dans la direction de la chute. En raison de la violence de cette action, il doit continuer à la contrôler même après l'arrivée au sol du partenaire pour éviter, d'une part, de le blesser, et d'autre part  pour respecter la position "sur le dos " qui est exigée.
3. Avec une certaine vitesse. La vitesse de la chute doit éviter que le pratiquant qui l'accepte puisse se retourner, se récupérer ou changer de direction risquant ainsi un accident. La vitesse pourra s'obtenir au début de l'action de jeter qui suit la préparation (kususchi) au moment où le corps de chacun des deux partenaires est déjà en mouvement (tsukuri) vers le bas.
C'est seulement alors qu'il y aura accélération de  l'action (kake) qui, sajoutant au mouvement et à la pesanteur, aura toujours la même orientation.
4. Une certaine hauteur. Cette hauteur, qui est liée au fait que la projection se fait toujours par le haut du corps (même si on utilise pour cela le bras, la jambe, l'épaule ou la hanche), est indispensable en effet pour permettre la vitesse de cette projection.

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Il est certain que si le but du judoka était toujours de faire ippon en projetant selon les critères que nous avons énumérés, la qualité du judo s'en trouverait considérablement améliorée.
 
 
 
 

I. Correa .

 



 

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