ESQUIVE ET OPPOSITION
par Igor CORREA
Directeur Technique de la F.F.A.J.
Les principes essentiels du Judo sont la non résistance, l’efficacité maximum, avec le minimum d’efforts, l’utilisation de l’énergie du partenaire etc. C’est une aberration de considérer les compétitions actuelles comme étant l’art du Judo, car ces principes, et d’autres encore en sont exclus.
Ce qui caractérise le déroulement des combats de compétition auxquels nous assistons, c’est l’opposition de forces entre deux personnes. Plus le comportement de l’un des partenaires est axé sur la force, plus l’autre lui oppose de la force. Si l’un tire, l’autre tire aussi, mais dans un sens opposé... si l’un pousse, l’autre en fait autant, dans la direction contraire.
Ceci explique pourquoi les combattants de nos jours sont convaincus qu’il est indispensable d’avoir une formation musculaire poussée, afin de parvenir à une musculature hypertrophiée pour pratiquer la compétition.
Du reste, le jargon utilisé par les compétiteurs le démontre bien. Il faut pouvoir résister aux " brancards", à la contrainte, à la domination des bras, des muscles de la force d’un tel ou d’un tel. Imposer son kumi-kata et casser l’autre. Il faut pouvoir tenir " x " minutes devant tel autre afin d’obtenir soit l’égalité, soit un petit avantage ( alors que le vrai judo c’est le Ippon). Il est bien entendu que tenir cinq, dix ou vingt minutes de combat implique effectivement une bonne condition physique. Mais la encore, on constate une erreur très répandue. En combat l’objectif n’est pas de durer.
L’issue d’un combat doit intervenir dans la première minute. Si tel était le cas, tout le monde pourrait participer, sans nécessité de rechercher une hyper musculation préalable.
La pratique correcte du judo suffit à développer une musculature harmonieuse et adaptée aux besoins du judoka.
La recherche de la force physique pure vient aussi du fait que les combattants négligent la notion de l’esquive. Pour eux, il n’existe qu’une seule vérité: c’est la résistance d’une force contre une autre. Or, qui dit résistance, opposition dit également " immobilité ", alors que l’esquive signifie mobilité, c’est l’illustration même du principe de la non résistance.
L’esquive n’est pas uniquement le tai sabaki dans le déplacement pour éviter une attaque mais c’est également la feinte du corps dans la défense et dans l’attaque.
Par exemple : comment inciter un partenaire à se mouvoir, entraînant ainsi une oscillation de son corps, un début de mobilité qui pourra ensuite être utilisé pour l’attaquer. Comme on le sait, tout mouvement d’inertie peut être amplifié grâce à un déplacement, sinon des pieds, du moins du corps, des hanches, des épaules qui sera transmis par les bras pour parfaire l’action et permettre l’attaque.
C’est seulement par une esquive précédée d’un simulacre d’opposition que l’on peut créer une oscillation du corps de son partenaire!
Dans tous les cas, il est toujours plus souhaitable de faire semblant de s’opposer au partenaire, afin d’esquiver plus facilement, au lieu de s’opposer réellement avec le risque que dans cette opposition, le partenaire ne triomphe, celui-ci étant plus fort que soi.
Opposition veut dire également n’utiliser que la seule force, alors que l’on peut obtenir la puissance par le dynamisme, le lancement du corps et la mobilité.
En situation de défense, il est
également très important d’utiliser
l’esquive plutôt que l’opposition. Mais, si
les judokas comprenaient cela, il ne serait alors plus question de
catégorie de poids !
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